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Le blog de Jean-Marie Alfroy

Jardins et talus.

14 Juin 2017 , Rédigé par Jean-Marie Alfroy

Dans le Berry où j'habite se trouvent 3 jardins remarquables qu'il m'arrive de visiter.

Le premier se situe sur les bords de l'Allier, tout prêt de la Bourgogne et du Bourbonnais. Dans le parc du château d'Aspremont on a bâti des "fabriques" à la mode de la fin du XVIII° siècle, tel ce pont japonais enjambant un plan d'eau ; on peut  aussi y admirer un kiosque ottoman, un belvédère : nous voilà loin du centre de la France.

Le deuxième se situe plus à l'ouest, à l'emplacement de l'ancien prieuré d'Orsan (des bâtiments conventuels, il reste peu de choses). On a reconstitué un jardin médiéval tels que les religieux pouvaient vraisemblablement le concevoir : les fleurs pour l'église, les simples pour l'infirmerie, les fruits et les légumes pour la cuisine et le réfectoire, le tout participant d'une composition harmonieuse dans laquelle le beau se marie à l'utile, comme par exemple ce parterre de bettes cardes en forme de croix. C'est à un voyage dans le temps que nous convient ces lieux propices à la détente, à la méditation.

Cependant mes préférences vont aux Jardins du manoir de Drulon,le long de la route qui relie Saint-Amand-Montrond à Culan.  1

En effet, ils offrent un spectacle original en organisant une sorte de galerie de sculpture moderne au milieu du bocage, des compositions florales et des bosquets d'arbustes ornementaux : il y a là un climat insolite où l'incongru côtoie le merveilleux ; chacun peut y déceler l'écho de ses rêves : j'ai bien reconnu le beau et grave visage de Liv Ullman, l'actrice fétiche de Bergman, alors que je ne sais pas du tout ce qu'a voulu faire l'artiste.

Quel livre de poésie pourrait-on emporter avec soi pour le lire en ces endroits de calme, d'ordre (même si c'est parfois un savant désordre) et de beauté ? Notez bien que je laisse pour le moment de côté le luxe et la volupté : ça sera pour une autre fois. Les Fêtes galantes de Verlaine conviendraient assez, mais le rapprochement est un peu convenu.

Pourquoi ne pas choisir un poète contemporain, une femme en l'occurrence?

Françoise Vignet vient de faire paraître aux éditions Alcyone, à Saintes, son Journal de mon talus. Certes, le bas Armagnac où elle vit ne doit pas ressembler beaucoup au Berry que j'évoque, mais, en osmose avec son cadre quotidien, elle parvient au fil des saisons, à faire le récit de son existence sans jamais mettre son ego au premier plan : c'est si rare  que cela mérite d'être salué. Puisque nous sommes à la fin du printemps, goûtons cet extrait de circonstance :

Dans l'air chaud de l'été naissant, un léger frôlement de feuilles... donne au silence son ampleur - et à l'espace son envol (en suspens, des fils lumineux, travaux d'araignées, se balancent).

Le silence alors se déplace pour mieux habiter le corps, chambre d'échos, maisons d'accords, parmi l'espace qui le sertit.

Juin

J'espère bien vous avoir convaincu.

14 juin 2017

1 - Ce jardin a hélas fermé définitivement en 2020

 

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